Notre cinquième jour d’aventure nous transporte dans la vallée de la Gervanne, où le groupe descend avec entrain du col de Léoncel. Nous arrivons à Beaufort sur Gervanne pour un déjeuner sur la place principale, puis nous nous divisons en deux groupes : l’un quitte précocement le village pour rejoindre le camp, tandis que l’autre profite d’une baignade sous le seuil du pont situé en contrebas.
Nous participons à un atelier créatif pour formaliser et restituer les apprentissages de notre expédition
Dans l’après-midi, nous atterrissons à Suze, au domaine Peylong, qui nous accueille pour la nuit. Trouvant un abri frais sous l’ombre des arbres pour nous réunir, Martin anime un atelier créatif qui permet au groupe de formaliser et de partager les enseignements tirés de notre expédition, mêlant plaisir et apprentissage. Soucieux du bon déroulement, il observe avec fierté les apprentissages se matérialiser. Les réflexions convergent autour de la biodiversité, mais aussi sur la dynamique de fonctionnement collectif et la vie en camp. En fin de compte, le défi commun pour tous les groupes est celui d’oser se (re)connecter à la complexité et la richesse de la diversité.
Nos hôtes cultivent et font déguster des vins biologiques au domaine Peylong
Nos hôtes au domaine Peylong nous font découvrir leurs vins biologiques, notamment ceux de l’appellation locale “Clairette de Die,” ainsi que quelques vins indépendants. Nous saisissons l’occasion de discuter des effets du dérèglement climatique sur la culture viticole et des efforts du domaine pour préserver la biodiversité locale. Antoine, qui s’émerveille à chaque nouvelle étape, goûte aux vins biologiques avec curiosité.
Thomas nous partage ses connaissances scientifiques sur les chauve-souris
En soirée, après le dîner, nous enfourchons nos vélos pour une étape nocturne courte en direction de Thomas, un animateur nature et spécialiste des chauve-souris de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Avec son collègue Florian, Thomas a installé de grands filets près d’une rivière pour capturer des chauve-souris dans le but de mener un suivi naturaliste. Nous avons le privilège d’assister à la collecte de données et de poser nos questions pour mieux comprendre ces animaux souvent méconnus.
La France compte 32 espèces de chauve-souris, dont 28 sont présentes en région Auvergne-Rhône-Alpes. La vallée de la Gervanne est un lieu idéal pour les étudier car l’agriculture y est relativement douce, contrairement à d’autres régions ayant adopté des méthodes agricoles plus agressives.
Cela fait écho à nos réflexions issues de la fresque de la biodiversité : le démembrement agricole massif a conduit à la destruction des bocages, ayant pour conséquence la diminution des populations d’oiseaux. Cette perte de régulation naturelle a provoqué une prolifération d’insectes nuisibles, poussant les agriculteurs à recourir massivement aux insecticides, ce qui a entraîné une nouvelle détérioration environnementale. Les pesticides ont également contribué à la hausse de la mortalité des chauve-souris.
L’impact direct de la pollution lumineuse sur leur biologie est difficile à estimer, en revanche il est établi que la l’éclairage nocturne rassemble les insectes dans des « hotspots » de lumière, et déséquilibre la répartition de la nourriture disponible pour les chauve-souris.
Les éoliennes peuvent aussi causer la mort de chauve-souris, car l’aérologie particulière et la chaleur des éoliennes attire les insectes et les chauve-souris, mais leur radar à ultrasons dirigé vers l’avant ne leur permet pas toujours de détecter l’arrivée par dessous ou dessus d’une pâle qui tourne à 200km/h. Les chauve-souris qui esquivent la pâle peuvent également mourir d’une décompensation cardiaque si elles s’engouffrent dans la dépression générée suite au passage rapide et puissant de la pale d’éolienne.
Plus récemment, ce sont également les nouvelles obligations environnementales en matière d’isolation thermique des bâtiments qui entraînent un moindre accès aux greniers des maisons pour les chauve-souris. Bien qu’il s’agisse d’une espèce protégée, les propriétaires des maisons peuvent craindre de voir leurs projets de rénovation entravés par des chauve-souris, et la LPO veille à les accompagner de manière positive pour ne pas générer une aversion de la population envers les enjeux de protection de la biodiversité.
Thomas nous présente quatre espèces de chauve-souris au cours de la soirée :
- Le murin à oreilles échancrées ;
- Le murin de daubenton ;
- Le petit rhinolophe ;
- La noctule commune.
Nous rentrons au camp avec beaucoup de respect et d’admiration pour le travail de Thomas et sa passion pour les chauve-souris, ainsi que de la gratitude pour son engagement et sa pédagogie en faveur de la démocratisation des connaissances naturalistes auprès du grand public.