Logo_Grains de Route

3 mois de voyage à vélo

3 mois de voyage à vélo de ferme en ferme : un temps de bilan

Déjà 3 mois de voyage à vélo à la rencontre des Paysan·nes du Nouveau Monde. 3 mois à parcourir l’Ouest de la France depuis la Mayenne, vers l’Orne, la Bretagne puis la côte Atlantique, de ferme en ferme. 3 mois de voyage à vélo, 1680 km parcourus à ce jour, 12 fermes visitées, et des dizaines de rencontres fabuleuses. Déjà plusieurs dizaines d’heures d’interview de personnes toutes plus inspirantes les unes que les autres. Et dans tout ça, une seule crevaison !

Mon cher Rookie pédale à merveille, et je vais bien. Un peu raplapla sur la fin de semaine dernière, mais quelques bonnes nuits de sommeil me permettent de repartir du bon pied.

3 mois de voyage à vélo : chercher la Co-errance

Pédaler. Ouvrir les paupières encore lourdes dans le hamac. Observer les premiers rayons du jour. S’étirer. Faire et défaire les sacoches. Râler de toujours mettre 10 mn à trouver un truc au fin fond de la 4ème sacoche. Se demander s’il sera possible au bout des 5 mois d’être mieux organisée. Probablement pas.

Rencontrer un couple de petits vieux admiratifs du courage nécessaire. Répondre avec une pointe de fausse modestie que ce n’est peut-être pas du courage. De la folie ? Sûrement un peu des deux. Pédaler encore.

Boire un sirop d’orgeat dans un PMU. Faire la causette. Dire bonjour à des passants pour la 53ème fois de la journée. Se sentir seule parfois. Humer l’odeur des foins et se sentir comblée.

S’amuser à reconnaître le chant d’une fauvette à tête noire. À débusquer des prunes ou des salades sauvages. Faire caca dans les bois. Adorer les voies vertes pour leur tranquillité. En avoir marre de leur platitude et les quitter pour des routes de campagne. Se méfier des voitures. Être contente de pouvoir en emprunter une pour faire un saut à la plage après une journée de boulot à la ferme. Craindre l’arrivée des foules de touristes en Juillet qui compliqueront les nuits en camping sauvage. En être une aussi, débarquant en cuissard-claquettes-chaussettes dans une supérette.

Se sentir révoltée par l’explosion des résidences secondaires et les bourgs fantômes hors saison. Écouter un podcast éco-féministe et découvrir avec amerture qu’il est sponsorisé par Airbnb. L’écouter quand même. Manger une tartine de rillettes.

Cueillir des plantes pour se faire une tisane. Chercher des pompes à vélo à pied. Ou des pompes à pied à vélo. Avoir un casque toujours un peu trop grand. Avoir la flemme d’aller en acheter un nouveau. Laver ses culottes ou ses cuissards à la main tous les deux jours. Les faire sécher sur les sacoches en roulant. Avoir des sacoches très chargées. Trimballer depuis 3 mois une cotte de travail (utile) et une calculatrice casio énorme (inutile). Manger des graines et de la spiruline. Trouver ça infect mais manger quand même.

Laisser pousser avec satisfaction les poils sur ses mollets. Sentir que l’on passe des caps de je-m’en-foutisme sur le regard des autres. Y être encore sensible en ayant l’impression d’être une super woman supra sexy en cuissard (alors que pas du tout). Expliquer en rigolant aux curieux ce que le drapeau représente. Discuter avec un agri conventionnel de sa toute première embauche d’une salariée. Se sentir tantôt abasourdie, tantôt pensive, tantôt ébahie. Laisser le débat de côté. Pédaler toujours.

Trouver et retrouver des ami•es. Trouver et retrouver des amants. Apprendre à conduire le tracteur. Obtenir un Master avec félicitations du jury en maniement de débroussailleuse sous les clôtures. Se sentir en dissonance cognitive par la satisfaction générée parce que “ça fait propre”, avec la débrouilleuse. Apprendre à manier la faux et se dire que sur 60ha il faudra y passer un moment. Faire des interviews. Avoir le cerveau bringuebalé dans tous les sens. Le laisser se remettre d’aplomb en pédalant un peu plus.

Sentir que l’envie de s’occuper des vaches se confirme dans le projet. Celle de l’aventure collective aussi. Faire des galettes à la billig et être proche de la naturalisation Mayenno-Bretonne (double nationalité). Avoir besoin de dormir 24h d’affiler.

Écrire. Écrire pour reposer le cerveau. Pour reposer le cÅ“ur parfois. Sentir son cÅ“ur tout gonflé à chaque au-revoir. Avoir des coups de mou. Avoir des coups de boost où l’on pourrait soulever des montagnes. S’émerveiller devant une larve de coccinelle. Vouloir dégommer une colonie de fourmis qui traverse le lit de la caravane.

Dire merci à tout bout d’champ. De façon très sincère mais malgré tout parfois peut-être un peu trop. Apprendre à laisser plus de place aux nuances. Aux silences. Aux regards. Aux espaces vides et si pleins à la fois.

Ne pas appeler sa famille assez souvent. Leur dire malgré tout qu’on les aime. Boire une bière en terrasse en fin journée et se dire que c’est la meilleure au monde. Trouver le spot rêvé de bivouac. S’endormir sous les étoiles, à l’abri des moustiques sous la moustiquaire . Se sentir inquiète parfois. S’endormir quand même. Se lever 3 fois dans la nuit pour aller pisser. Se réveiller au petit matin sous les chants des oiseaux et les premiers rayons qui transpercent les feuillages. Se sentir pleinement vivante et prête à poursuivre la route.

3 mois de voyage à vélo : prochaines étapes

Après avoir passé 2 semaines à Bara’Laezh – la ferme de Kerdudal à Riec-sur-Belon dans le Finistère (article à venir), j’ai pédalé une dizaine de jours dans le Morbihan. Passage à Lorient chez mon amie Lise qui travaille à l’association Optim’Ism, découverte du Golfe du Morbihan, puis de la ferme de Trévero à Sérent.

Un ami d’Avignon, Lorin, m’a rejoint à Lorient pour partager une semaine de vélo et de rencontres paysannes. Lui aussi souhaite s’installer en collectif paysan, dans le Sud de la France. On s’épaule mutuellement sur nos projets respectifs.

J’ai quitté la Bretagne pour rejoindre Guérande et la Loire Atlantique. Pendant 5 jours je suis à L’Ecoasis, une ferme permacole qui créé un jardin forêt, un atelier de maraichage, et produit aussi des tisanes et des compotes.

Puis, je prévois de pédaler quelques jours en compagnie d’un ami le long de la côte Atlantique, pour rejoindre la Charente. Je vais passer 15 jours à l’Oasis du Coq à l’âme, où vit mon cousin. L’occasion d’expérimenter la traite des chèvres, mais surtout des processus très poussés de gouvernance partagée dans cet écolieu où vivent une trentaine d’adultes et une quinzaine d’enfants. Affaire à suivre !

Réveil matin après une nuit de sommeil réparatrice, dans la Cabane à oiseaux de l’Ecoasis de Guérande

Vous pourrez suivre toutes ces aventures :

2 commentaires sur “3 mois de voyage à vélo”

  1. Je n’ai pas pédalé… je me suis discrètement posée sur le porte bagage de ton Rookie pour regarder la route par dessus ton épaule. Les campagnes bretonnes me paraissent mystérieuses depuis mon sud-ouest natal, comme si elles étaient peuplées de personnages magiques qui apparaissent à la tombée de la nuit.
    Elle est belle cette aventure avec toi. A l’instar de la vie, légère, faite de toutes petites choses simples qui nous nourrissent ou plus complexe faite de compromis mais aussi de profonds engagements qui nous élèvent.
    Doux baisers, Dani

    1. Merci merci merci ma belle Dani, que c’est bon de te lire. J’entends ta voix grave et mélodieuse, et me sens honorée de te faire voyager avec mes récits, grande voyageuse que tu es !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *