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Le GAEC De L’herbe aux Fromages

Un accueil au top à la ferme de Lucille, Max et Jade, au GAEC De L’herbe aux Fromages

Retour en arrière (par rapport à mon dernier article) début Mai, sur mon expérience au GAEC De L’herbe aux Fromages.

Après 2-3 jours de pause à Mayenne, direction St Frimbault-de-Prières, dans le Nord du département. La pluie menace, mais se maintient jusqu’à mon arrivée à la ferme. Je roule sur la voie verte avec un jeune couple originaire de Lorraine, en voyage à vélo depuis plusieurs mois dans toute la France, et même une partie de l’Europe. J’arrive en fin de matinée, juste avant que des trombes d’eau ne s’abattent sur mes sacoches !

Je suis accueillie par Lucille, Jade, Max, Manue et Romain, ainsi que par Syrah et Chronos, les chiens de Max et de Lucille. Lucille & Max sont les deux associé•es de la ferme, Jade est salariée depuis leur installation début 2021. Manue est la compagne de Max, ils vivent sur place avec leur nouveau-né. Romain est en stage pour quelques jours. Une belle équipe ! Rapidement, je rencontre aussi Manon, qui vit avec Lucille dans le village voisin, avec leurs filles respectives. C’est la première fois depuis le début de ce voyage que le genre féminin est aussi bien représenté !!

La Team féminine du GAEC De L’herbe aux Fromages pour la traite du samedi matin !

Montbéliardes, Tomme Fleurie et Pâturin au GAEC De L’herbe aux Fromages

Lucille et Max se sont installés à la suite de Joël et Marie-Agnès. Leurs prédécesseurs étaient pionniers du Bio en Mayenne. Ils fabriquaient déjà de la Tomme et du Pâturin, un fromage type reblochon, bien connu dans le coin. Durant un an, ils ont travaillé tous les quatre sur la ferme pour la transmission. Lucille a également suivi le stage Paysan Créatif proposé par la CIAP53 (Coopérative d’installation en Agriculture Paysanne). Enfin, Jade a rejoint Lucille et Max dès leur installation en tant que salariée, notamment pour les aider en fromagerie et à la traite. Fonctionner à trois leur permet de faire des astreintes les week-ends et de se libérer du temps.

Avec leur troupeau d’environ 40 Montbéliardes sur 80ha, l’équipe du GAEC De L’herbe aux Fromages transforme une partie de sa production. Fromage, yaourts, fromage blanc, crème… Leur gamme est diversifiée : tomme jeune ou plus affinée (6 mois), une nouvelle recette de tomme fleurie, fromages frais, demi-secs… Sans oublier le Pâturin dont ils perpétuent la tradition, pour le plus grand plaisir des habitués de la ferme.

On trouve leurs produits dans les Biocoop du coin, plusieurs épiceries (Fontaine-Daniel, Lassay-les-Châteaux, Faut qu’on sème à Mayenne…). Mais aussi dans 5 AMAP, quelques magasins de producteurs, restaurants et 3 marchés hebdomadaires. Une partie du lait est vendu à la coopérative Entrammes.

La tomme fleurie du GAEC De L’herbe aux Fromages, avec des plantes cultivées par des paysans herboristes dans les Alpes Mancelles

En collectif comme au GAEC De L’herbe aux Fromages, quand les finances roulent, tout roule !

La trentaine, Lucille et Max se sont installés avec la volonté de conjuguer temps de travail et temps pour soi. De parvenir à vivre confortablement de leur métier-passion. Le pari semble plutôt réussi. Ça donne beaucoup d’espoir de voir qu’il est possible de faire tourner de petites structures agricoles, à plusieurs, en se rémunérant de façon confortable. Et sans passer sa vie au travail !

Max me partage qu’il est important de bien clarifier dans l’aventure collective les rapports qu’entretiennent chacun·e avec le temps de travail et le temps libre. Avec les besoins financiers, et l’organisation du travail (cadre, besoin de liberté, répartition des tâches et des responsabilités…).

Ici, les journées étant rythmées par la traite matin et soir, un horaire d’arrivée le matin est fixé. Le reste du temps, chacun·e s’autogère. Un point hebdo est prévu tous les vendredis matins. Leur organisation est plutôt libre et basée sur la confiance mutuelle.

Comme le dit très justement Max, c’est un modèle qui tient tant que l’activité économique est florissante : dans tout collectif, “Quand les finances roulent, tout roule !”. Il m’ouvre les yeux sur l’importance de bien dimensionner ses besoins réels (financiers, temps pour soi…). En essayant d’être honnête envers soi-même, ou de ne pas idéaliser l’activité paysanne en minimisant ses besoins. Cela permet de dimensionner son modèle économique en fonction, et de s’autoriser à le faire évoluer.

Les petites génisses du GAEC De L’herbe aux Fromages

Le réseau Terre de Femmes pour se soutenir dans le milieu agricole

Lucille me parle d’un réseau départemental dont elle fait partie, Terre de Femmes. L’objectif de ce réseau est de rendre visibles les femmes autour du milieu agricole (agricultrices, conjointes, salariées, étudiantes…). De se soutenir mutuellement sur des thématiques communes.

Ainsi, des rencontres et des événements sont organisés régulièrement et sont ouverts à toutes. Des temps collectifs proposent un cadre sécurisé pour échanger sur des problématiques rencontrées ou sur des joies à partager ; des portraits de femmes sont réalisés… De plus, l’association organise des formations et ateliers thématiques. Par exemple sur les gestes et postures au travail, sur les effets du cycle menstruel sur notre activité, sur la communication non violente ou encore sur comment conjuguer vie familiale et vie à la ferme…

L’objectif est aussi d’inciter davantage de femmes à se lancer en agriculture, de montrer que c’est possible. Même lorsque l’on n’est pas issues du milieu. Forcément, ce réseau me parle énormément, et ça me fait chaud au cœur de savoir qu’il existe en Mayenne. Et que je pourrai y retrouver Lucille !!

L’émission de France Inter “Carnets de Campagne” en a d’ailleurs fait un joli reportage à écouter ici. Ce réseau est porté par l’association lavaloise “Et pourquoi pas elles ?”, qui organise des actions pour améliorer l’égalité hommes femmes dans la société.

À la traite au GAEC De L’herbe aux Fromages

“Il est où le patron ?”, Chroniques de Paysannes

L’occasion d’ailleurs de vous partager une pépite : une fabuleuse bande-dessinée sur le sujet du quotidien des femmes dans le milieu agricole. “Il est où le patron ?”, une question que les femmes agricultrices que j’ai rencontré entendent encore trop souvent. Le plus souvent, de la part d’hommes qui viennent sur la ferme pour vendre un produit ou traiter de questions techniques, pensant devoir s’adresser à un interlocuteur masculin. Il faut alors expliquer avec diplomatie “qu’il est là le patron, et qu’il prend (aussi) les décisions !”. Les petites pépites de ce style abondent lorsque l’on soulève la question, et cela nous montre le chemin qu’il reste à parcourir pour faire évoluer les idées reçues !

Superbe BD à partager, par Maud Bénézit & les Paysannes en Polaire, aux éditions Marabulles.

Fabuleuse chanson d’Anne Sylvestre qui, précurseuse du sujet, se moquait déjà de ces idées reçues dans les années 70

Travailler avec le Vivant…

Autres moments clés de mon séjour au GAEC De L’herbe aux Fromages : le départ à l’abattoir de deux vaches, et le vêlage assisté que nous avons effectué sur une vache souffrant d’une fièvre de lait. Des moments relativement courants dans le quotidien d’une ferme en élevage, qui me font prendre conscience d’une dimension centrale.

Travailler avec le Vivant, avec toute la noblesse que cela représente, c’est aussi travailler avec la mort et avec la maladie. Il faut y être préparé. J’en discute avec Lucille, Max et Jade individuellement. Chacun•e gère à sa manière la charge émotionnelle que représentent la mort ou la maladie de ses animaux. Tristesse, gratitude, ritualisation, acceptation, protection… Une chose est sûre, peu importent les pratiques agricoles (conventionnel, bio etc), ça ne fait plaisir à aucun•e éleveur•euse de voir partir ses animaux.

… Et gérer ses propres dissonances cognitives

La question est complexe et l’idée n’est pas de partir dans un débat sans fin. Chacun•e gère comme iel le peut ses propres dissonances cognitives, en fonction de ce qui nous semble faire sens pour nous d’un point de vue global. C’est un bon exercice que d’accepter qu’aucun système n’est complètement pur. Que l’on fait nos propres compromis avec nous-mêmes. Qu’il s’agisse de choix de modes de voyage, d’alimentation, de transport, de métier, de loisirs… On ne peut donc reprocher à l’autre ses incohérences, car personne ne sera jamais totalement cohérent.

Ceci dit, on peut essayer de faire de notre mieux, à notre propre échelle et face à nous-mêmes.

En route vers l’Orne depuis le GAEC De L’herbe aux Fromages, toujours avec Rookie mon fidèle vélo !

Je reprends ma route le 21 Mai direction Domfront dans l’Orne, où je passe deux jours chez Adèle et Tanguy Laurent, originaires de mon village. Quelle belle découverte que ce camping à la ferme de La Touche ! L’odeur des foins embaume la campagne tandis que je file plein Nord vers de nouvelles rencontres passionnantes. Suite au prochain épisode !

Les au-revoir avec mes colocs voisins de chambre : sur le départ avec ma petite mascotte !

Vous pourrez suivre toutes ces aventures :

3 commentaires sur “Le GAEC De L’herbe aux Fromages”

  1. Merci maelle pour tes beaux récits et la justesse de ton approche envers notre vécu.merci d être venu à nous pour cette échange d expérience et d idées, de ressenti sur la vie et ce qui nous entoure. À bientôt sur une réunion terre de femme, dans des locaux “‘adearm ,ciap”,]sur les marchés ,sur la voie verte mayennaise ou encore ailleurs…bon périple à toi…🤗

  2. On te suit avec mamie mais on s’y perd tu es dans la Manche ?? Bisouilles

    1. Hihi oui désolée j’ai posté des articles dans le désordre car je suis t’en retard sur l’écriture 😂 aujourd’hui 23 Juin je suis à Lorient après 15 jours à Riec sur Belon près de Concarneau 😁

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