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Pédaler vers son retour aux sources

La puissance des soutiens : moteurs, privilèges et responsabilités

Mardi 22 Août. Derniers kilomètres à pédaler vers mon retour aux sources. Les pensées s’écoulent au fil de l’eau, tandis que je longe la rivière Mayenne quasiment jusqu’à chez moi. Je navigue dans les souvenirs des 5 derniers mois, les kilomètres, les rencontres, les apprentissages, les interviews… Le coeur gonflé à bloc, toutes voiles dehors. J’y suis arrivée. Si j’ai pu douter par le passé de mes capacités à mener un projet au bout, ce périple me prouve que j’en suis bien capable et me donne de l’élan pour la suite.

Parmi tout ce qui m’a nourri dans ce voyage, il y a la prise de conscience des soutiens et des ressources dont je dispose, des privilèges qu’ils représentent, des responsabilités qui en découlent. Des soutiens qui sont fondamentaux dans la création de tout projet, et inestimables dans la création d’un projet agricole.

Pédaler vers son retour aux sources sur les bords de la Mayenne

Le privilège d’avoir baigné dans des relations épanouissantes

Ces privilèges, c’est l’amour de ma famille, proche et élargie. Ce sont le “lait et le miel” dont j’ai pu bénéficier dès ma naissance, nécessaires à une croissance épanouie. C’est leur confiance, leur ouverture et leur fierté. Cet amour qui permet l’envol plutôt que l’étouffement.

Il y a aussi l’environnement relationnel dans lequel j’ai grandi. Voisin.es et ami.e.s de mes parents, qui m’ont inspirée depuis petite et continuent de m’épauler. Mes anciens profs, soutiens précieux dans mes choix un peu fous de partir à 18 ans en Wwooofing à l’autre bout de la planète. Qui m’ont dit “Vas-y fonce, et fais-nous un retour d’expérience qu’on pourra partager aux générations suivantes”.

Et puis, il y a l’environnement relationnel que j’ai construit ces dernières années. Aux mentors, ancien.ne.s directeurices, qui m’ont fait confiance, reconnue dans mon travail. Aux collocataires, toustes plus fous/folles les un.e.s que les autres. Qui se lancent des défis improbables à travers la France, comme faire Paris-Nantes en char à voile. Il y a toutes ces femmes pétillantes et hautes en couleurs, et ces hommes attentionnés et sensibles.

Pédaler vers son retour aux sources avec une étape chez Mamie

Le privilège d’avoir croisé des phares éclairant des chemins de traverse

J’ai aussi le privilège d’être entourée et d’avoir rencontré (y compris pendant ce périple) des personnes passionnées qui choisissent des voies parfois hors norme. Paysan.nes, boulanger.ère, potier.ère, compositeur de musique de films pour le cinéma, infirmier.ière, instituteurice, psychologue, bergère, artiste hybride, kinésiologue, clown, travaillant pour l’Economie Sociale et Solidaire, le tourisme durable… La liste n’est bien-sûr pas exhaustive, et il ne s’agit pas de classer les personnes selon leur profession ou leur choix de vie. On peut être passionné.es et passionnant.es quels que soient nos choix de vie.

Ce qui me touche particulièrement chez ces personnes, c’est leur quête de sens et l’art d’oser emprunter des chemins détournés. Parfois d’avoir osé bifurquer. A 18, 21, 28 ans, 35, 45, 65… 85 ans ! Porter un regard neuf sur ce qui les entoure et les constitue. C’est aussi l’envie de prendre soin du Vivant. De ce qui relie.

Ces privilèges sont là, et je pourrais en citer bien d’autres. Plutôt que de chercher à m’en défaire, je choisis de les accepter, remercier, et d’agir avec la responsabilité qui en découle. Celle de contribuer à inspirer à mon tour, autant que j’ai pu recevoir. Cette responsabilité, je l’appréhende avec joie, et non comme une injonction. Je la ressens comme une myriade d’expériences créatives et formatrices potentielles.

Retrouvailles ressourçantes pour les 40 ans d’une amie dans le Sud-Est, avec des femmes hautes en couleurs !

Au-delà des privilèges, cultiver la confiance en nos propres choix

Avec la conscience de ces privilèges, il y a aussi la reconnaissance envers moi-même, d’avoir su dire oui aux opportunités. D’avoir intégré des déclics et des claques qui ont marqué le cheminement vers mes décisions à l’origine du projet. De m’être choisie, dans les rêves qui me tiennent à cÅ“ur, quitte à prendre des sentiers qui sortent de l’ordinaire.

D’avoir osé démissionner. Sans connaître toutes les implications financières, mais en mettant en place des parachutes qui se sont finalement déployés au-delà des espérances. Ça m’encourage à faire confiance. A lâcher nos peurs par rapport à l’argent. A oser croire en nos rêves, à les mettre en place petit à petit, en parler autour de nous.

Oser impulser, comme la chenille qui devient papillon

Croire en ce qui nous donne du courage pour dépasser nos peurs

Reconnaissante aussi d’avoir une bonne étoile, peut-être. Ou en tout cas d’avoir envie d’y croire. C’est cette croyance qui me donne la force de dépasser mes peurs (du moins certaines !). Tu sais ces peurs, celles qui parfois nous tétanisent, nous empêchent d’avancer.

Parce que des peurs, il y en a plein. Peur de la solitude. De l’échec. Peur de décevoir. De mal faire, de me tromper. Peur du jugement et de la moquerie. De finir seule sur ma ferme avec juste des vaches, des chats et des chiens. Peur de ne pas rencontrer les bonnes personnes : amoureux.se, associé.e, voisin.e… Peur des bruits dans la nuit en dormant seule dans le hamac. D’avoir un accident. Peur de prendre un chemin tellement hors norme que je finirais par m’y perdre…

Voyager à vélo sous l’Å“il attentif de Marie-Madeleine l’oie !

Confiance en l’impulsion

Et en même temps… tellement de confiance, et de moments de grâce. Abreuvée par tous ces soutiens. Par ce que je construis en moi, petit à petit. Par les voyages, les rencontres, les retours, les apprentissages, le Woofing, le boulot, les collègues, les ami.e.s… Mes choix. La magie de la vie. Les synchronicités parfois. L’émerveillement. Mes envies de changer le monde ! Mais enfaîte juste à mon échelle, et à l’intérieur de moi déjà, ce sera pas mal.

Changer mon monde. Tout ça, c’est ce qui m’anime. C’est ce qui me donne envie de dépasser mes peurs. D’oser faire un pas après l’autre, ou un coup de pédale après l’autre ! D’oser en parler. Avec la conscience de mes facilités à communiquer, écrire, exprimer… Et justement, d’avoir envie de les mettre à contribution.

C’est tellement important de réenchanter le monde dans notre société désabusée. De montrer que c’est une voie possible. Que oui, on ne part pas toustes de la même ligne de départ. Mais qu’on peut toustes faire un pas après l’autre (et recommencer, disait la chanson). Ou un coup de pédale après l’autre, peu importe la manière dont on est en capacité de se déplacer, ou non d’ailleurs. Même si c’est juste avec le regard. Impulser, et se faire confiance.

Pédaler vers son retour aux sources pour retrouver du sens et du réenchantement

Raconter pour clarifier son cap vers un retour aux sources

Je suis arrivée chez moi, à Craon, depuis ce Mardi 22 Août. Ça ne fait que 3 jours, et mon esprit est déjà en ébullition. Je retrouve la famille, la maison, les vaches, les amis. Les échanges avec mon Papa sont déjà riches, les récits de voyage avec famille et amis m’aident à clarifier ce que j’en retire. Ce qui va constituer la raison d’être de mon projet, mon cap dans ce qui me tient à cÅ“ur, pour poser les jalons de la co-création sans perdre de vue ce qui m’est fondamental. Savoir où se situeront mes points de flexibilité, et la vision à court, moyen, long terme.

C’est le début d’une sacrée aventure, qui s’ancre chaque jour un peu plus dans la matière. Que ma formation démarrant en septembre, mais aussi l’écriture des articles (encore quelques articles à venir !) et la création du podcast (sortie prévue cet hiver), vont propulser encore d’avantage ! Hâte de pouvoir rencontre de chouettes compagnon.nes de jeux !!


Vous pourrez suivre toutes ces aventures :

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